Connaissez-vous la vraie adresse du père Noël ? : Père Noël, Pôle Nord, Canada, HOH OHO… C’est incroyable, il reçoit 1,2 million de lettres, 45 000 emails, a un site internet et 11 000 personnes, chez Post Canada, répondent, à cette période, dans 26 langues dont le français, l’anglais, l’espagnol, le japonais et le braille.
Par contre, nous sommes, nous les parents, tiraillés pour dire, à un moment précis, la vérité sur toute cette histoire à nos enfants. Comment vont -ils réagir ? Devons-nous maintenir le mensonge au-delà d’un certain âge ? Vont-ils nous en vouloir et nous détester ? Devons-nous les encourager à écrire au père Noël, et à suivre la distribution des cadeaux autour du monde sur Internet, par exemple ?
En 1897, le New York Sun, quotidien populaire disparu, répondait à la jeune américaine, Virginia qui demandait : « Cher Rédacteur en chef, j’ai 8 ans et certains de mes amis disent que le père Noël n’existe pas. Mon papa dit, lui, que si on en parle dans votre journal, c’est qu’il existe. Alors, dites-moi la vérité, le père Noël existe-t-il ? »
La réponse du rédacteur en chef fut longue et détaillée, le texte a été étudié dans toutes les écoles de journalisme américain et traduit dans une vingtaine de langues, mais voici le passage le plus joyeux :
« Ne pas croire au père Noël ! C’est comme ne pas croire aux fées ! Tu pourrais demander à ton papa de surveiller toutes les cheminées de la maison, et même si il ne voyait pas descendre le père Noël, qu’est-ce que ça prouverait ? Personne ne voit le père Noël, mais ça ne veut pas dire qu’il n’existe pas. Les choses les plus vraies de ce monde sont celles que, ni les enfants, ni les adultes ne peuvent voir…
Dans 1000 ans, Virginia, peut-être dans dix fois 10 000 ans, il continuera à amener du bonheur au cœur des enfants! »
Selon des études récentes menées à l’université de Montréal, Canada, 80 à 98 % des adultes disent avoir cru ou avoir été incités à croire au père Noël, pendant leur enfance. Ceux qui y ont cru, n’ont pas subi de choc traumatique en apprenant la vérité et pensent, à 80%, que leurs enfants de 4/5 ans y croient aussi. Par ailleurs les mêmes études démontrent que les enfants le découvrent par eux-mêmes à partir de leur propre observation et viennent chercher la confirmation auprès de leurs parents. Par la suite, ils jouent volontiers le jeu, auprès de leurs jeunes frères ou sœurs et sont alors complices avec leurs parents.. Pas le moindre sentiment de rancune, donc!
D’autres chiffres : 39% des enfants sont déçus mais seulement 1% ou 2% se sentent dupés ou trompés.
Le principal argument qui encourage les parents à continuer l’illusion est que le père Noël est un personnage qui rend les enfants heureux… Alors ?
Non. Les petits enfants vivent dans un monde mi- réel, mi- imaginaire, peuplé de fées, de chevaliers, de dragons, de chiens qui parlent, de fantômes et de héros de bandes dessinées… Leur besoin de merveilleux est une sorte de protection contre les dures réalités du monde extérieur, et il n’y a aucune raison de vouloir à tout prix les forcer à avoir « les pieds sur terre » quand ils sont petits. Leur mentez-vous lorsque vous leur lisez un conte ou leur passez une cassette vidéo de dessins animés ?
On peut prolonger la magie tant que l’enfant « marche ». On distingue trois situations principales :
Bruno Bettelheim, psychanalyste américain, écrit sur ce sujet : «Il faut laisser le petit enfant croire au père Noël, aux œufs de Pâques et à la petite souris parce qu’ils lui permettent d’ajouter une ferveur émotionnelle à d’importants concepts qu’il développera plus tard. Nous savons tous, par expérience, que nos idées se rapportant à Noël, sont passées du père Noël et à sa hotte, à l’esprit de générosité, du plaisir de recevoir des cadeaux à celui d’en offrir aux autres.»
Le père Noël et les autres personnages ne sont pas des mensonges. Ils relèvent de la fantaisie qui nourrit l’imaginaire du tout-petit. Le mythe du père Noël répond à la pensée magique de l’enfant d’âge préscolaire. Regardez les enfants d’âge préscolaire jouer ensemble. Ils créent des histoires, s’inventent des scénarios qui alimentent leurs jeux de faire-semblant: ces moments là organisent l’imaginaire.
Ce n’est que vers 7-8 ans que l’enfant fera le passage de l’imaginaire à la réalité grâce au développement de la pensée concrète et de la logique. Lorsque le petit bricole un père Noël, ou peint un traineau, il apprend à anticiper, à se situer dans le temps, il stimule sa créativité, son imagination. Il prépare son cœur à la fête. Et il est sensibilisé à la générosité.
Alors laissez les croire, jusqu’à ce que vous sentiez, ensemble, le besoin de révéler la vraie histoire… Et d’en rire ensemble!
Dans la nuit du 24 au 25 décembre, depuis 1955, le NORAD (North American Air Defense Command) aide a suivre la distribution des cadeaux distribués par le père Noël, autour du monde. Depuis 1997 on peut le suivre par Internet sur le site de NORAD. http:www.noradsanta.org
Pour aller plus loin :
Belmont, Nicole Poétique du conte (Gallimard, 1999).
Bing, Elisabeth Et je nageais jusqu’à la page (Editions des Femmes, 1993).
Boimare, Serge L’enfant et la peur d’apprendre (Dunod, 1999 et 2004).
Bruner, Jerome Pourquoi nous racontons-nous des histoires ? (Pocket, 2005).
Bettleheim, B. (1998) Pour être des parents acceptables. Hachette Pluriel Psychanalyse des contes de fées- Editions Pocket-
Site du père Noël, seulement fonctionnel à Noël : www.postescanada.ca/dec/holiday
Sources: Universite de Montreal : Forum « le père Noël n’est pas une ordure, » 9 decembre 2008. The New York Sun, 1897 article de la réponse à Virginia.